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Libération

Mémoires courtes

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publié le 25 juin 2008 à 4h01

Bientôt trente ans, une génération : le temps nécessaire pour commencer un examen de conscience. Il y a deux ans sortait Massaker, un film réalisé au Liban par Monika Borgmann et Lokman Slim. Insoutenable mais indispensable, il donnait la parole à cinq tueurs de Sabra et Chatila. Le film n'a été projeté qu'une seule fois en public au Liban, suscitant de violentes réactions.

Aberration. Chaque année, le massacre est commémoré par les réfugiés palestiniens du Liban et quelques associations libanaises. Jusqu'en 2002, la seule formation libanaise présente était le Parti communiste. Depuis, les partis chiites d'opposition Amal et Hezbollah se sont joints à la manifestation aux chandelles, ce qui ne manque pas d'ironie quand on sait que la guerre menée par Amal contre les camps palestiniens en 1985-1986 a causé nettement plus de morts que le massacre de Sabra et Chatila.

L'Etat libanais n'a jamais effectué d'examen de conscience sur la question. Quant aux Forces libanaises (FL), dont les combattants ont exécuté le forfait, l'idée même d'un mea culpa leur paraît aussi saugrenue qu'aux assassins interviewés à visage couvert par Borgmann et Slim.

Elie Hobeika, le chef des FL qui a dirigé personnellement le massacre, a longtemps été ministre des Affaires sociales et de l'Electricité, avant d'être tué dans un attentat non revendiqué en 2002. Une aberration à peine plus choquante que la nomination du chef druze Walid Joumblatt au portefeuille des Déplacés, lui qui en a tant fait, de