Des vaches, des cochons, du raisin - mais pas la raison - foulés au pied. Une ferme comme ça n'existe plus, avec trois vieux célibataires (une soeur, deux frères). D'où vient qu'Yvette, bon Dieu ! ne sent pas le purin, malgré sa ressemblance avec le JT de Jean-Pierre Pernaut, les actus de Vichy et les Géorgiques de Virgile ? C'est que dans ce documentaire, tout en suivant le cycle des saisons, le regard n'est pas à la même hauteur que dans les exemples susmentionnés. On est plutôt au ras du sol, sans jugement, d'un point de vue presque physique qui accompagne les gestes. Pas de regrets donc, pas d'invitation réac à faire marche arrière dans le sein de maman Nature. S'il y a indéniablement régression, elle est perceptive, sensuelle, renvoyant à ce moment enfantin où le monde est encore cosmos, où notre corps s'informe et s'imagine au contact des odeurs, des textures, couleurs, toutes exacerbées car neuves, de la matière. Le réel n'a pas encore tourné en grumeaux.
Nostalgie du jamais vu, de ce moment à la fin des grandes vacances où la rentrée approche, et qu'au fond d'un potager plein de mouches, on va perdre la possibilité de ce qu'on n'aurait de toute façon pas accompli. Car le film illustre surtout un rapport particulier au temps, celui d'avant l'industrialisation et la division des heures entre le travail et les loisirs, la «vie» simplement, comme indivise. La vie en tant qu'elle est menée, gérée (naissances, morts des humains, des plantes et des bêtes), port