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Libération
Critique

Raya Martin, inventeur d'archives

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publié le 9 juillet 2008 à 4h14

Si les phénomènes sont éphémères, il faut s'inquiéter d'urgence pour le cas Raya Martin. Voilà un garçon de 23 ans, philippin, né à Manille, qui a déjà derrière lui une carrière de journaliste et à son actif une filmo de cinq titres avec, en chantier pour les mois à venir, une double trilogie. Il était présent à Cannes pour les 4 h 40 de Now Showing, son faux home-movie sur une petite fille Rita, suivie pendant dix ans (le premier montage faisait neuf heures). Il était l'un des Philippins honoré par le festival Paris Cinéma, et on peut parier qu'il sera à Venise.

La sortie sur les écrans français de A Short Film about Indio Nacional constitue, pour le public qui ne fréquente pas les festivals, une entrée en matière qui risque fort de s'avérer décourageante. Cofinancé par la France, ce pastiche du cinéma muet est le premier d'une trilogie historique sur la mémoire perdue des Philippines à travers ses trois occupations successives : espagnole, japonaise, américaine. Pour le jeune cinéaste, il ne s'agit rien moins que de combler une archive nationale largement déficiente puisque personne n'a jugé utile de sauvegarder les images produites au fil des années à partir de 1919, date du premier film philippin. Dans un noir et blanc magnifique, Martin raconte dans les années 1890 les premières luttes émancipatrices des paysans colonisés et évangélisés par l'Espagne, et rend hommage à la figure d'Andres Bonifacio y Castro, leader de la rébellion au sein de la société secrè