Que Takeshi Kitano soit tout bonnement fou à lier, personne ne peut en douter : bouffons ou dépressifs, ses films n'ont jamais été des monuments d'équilibre. Sans parler de toute sa période jeux télévisés, où il excellait dans le rôle d'un Monsieur Loyal couvrant ses invités d'excréments, ou de thon frais. Il faudrait se pencher quinze ans en arrière, quand la France le découvrait avec l'anémique Hana-bi, croyant dur comme fer avoir mis la main sur un Rimbaud nippon (poésie des bords de mer, élégie du suicide). Il y aurait de quoi se mordre les joues, tant on était loin du compte. Et tant mieux : Kitano est plus intéressant ainsi, en permanence à la limite de la camisole de force, gâchant tout.
Cascade. Depuis l'échec commercial de Zaïtochi, qui était sa dernière tentative de retrouver le public tout en lui livrant un film de sabre en majesté, Kitano a plongé la tête la première dans la crise existentielle. En est ressorti un diptyque, deux autoportraits, deux antifilms : le surexcité Takeshis' (sorti il y a deux ans environ) et ce Glory to the Filmmaker ! qui nous occupe, présenté à Venise l'an passé.
Il n'y a pas, à notre connaissance, beaucoup de films qui ressemblent à celui-là. S'il fallait chercher une ressemblance, histoire de ne pas se sentir définitivement paumé au milieu de cette cascade narrative déconcertante, ce serait cette tentative de roman gigogne à laquelle Italo Calvino s'était essayé au début des années 80 : Si par une