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Libération

Chahine un phare s'éteint

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Disparition. Auteur d'une oeuvre fiévreuse, intimiste et engagée, le cinéaste d'Alexandrie est mort hier en Egypte, à 82 ans.
publié le 28 juillet 2008 à 4h26

Il y a beaucoup d'angles sous lesquels envisager la figure de Youssef Chahine, mort hier dans la banlieue du Caire, à l'âge de 82 ans, après plusieurs semaines de sursis, entre la France et l'Egypte. A l'heure de sa disparition, c'est pourtant un seul mot qui s'impose à son propos, quel que soit l'aspect de sa vie que l'on considère : le qualificatif de réfractaire. A entendre aussi bien du point de vue du caractère humain, que de celui d'une propriété physique naturelle et vitale. D'une certaine façon, le mot le désigne dès sa naissance en milieu égyptien décalé le 25 janvier 1926 : Youssef (Joseph) Chahine était un Levantin, comme on ne dit plus. C'est pourtant ainsi qu'il définissait sa famille chrétienne des classes moyennes d'Alexandrie, ville-monde et à l'époque merveilleux melting-pot culturel qu'il identifiera jusqu'au bout comme sa patrie.

Après une scolarité chez les frères jésuites francophones de l'institut Saint-Marc, puis quelques saisons sur les bancs de l'anglophone Victoria College, il entame ses études supérieures à l'université de la ville. Alexandrin d'excellence, Chahine n'aura pas d'autre foi, d'autre parti ni idéologie que cela : répandre partout où il le peut la sève et l'âme d'Alexandrie ; être lui-même la démonstration en chair et en actes de la coexistence tumultueuse des civilisations méditerranéennes, sans exclusive de culture ni de religion. A ce titre, et son cinéma ne va cesser de le prouver, Chahine était à la fois un Egyptien de l'Antiquité e