On a déjà constaté le besoin impérieux qu'éprouvent un certain nombre d'artistes libanais (Rania Stephan, Danielle Arbid, Lida Charaf, Halim Sabbagh.) à empoigner une caméra qu'ensuite, pour rien au monde, ils ne voudraient lâcher. Michel Kammoun est du lot. Sortant son premier long-métrage à 38 ans, après avoir étudié les maths au Liban et le cinéma à Paris, il dit : «Pendant la guerre, pour moi qui ai grandi dans des abris souterrains, le cinéma était une soupape, une façon d'échapper à la réalité, mon seul oxygène, mon seul but. En faire n'est pas le métier que j'ai choisi, c'est une évidence.»
Comment s'étonner, dès lors, que Falafel choisisse de foncer, même sans casque, à l'instar du beau gosse barbu qui sillonne Beyrouth, la nuit, sur un scooter ? Avant de tomber en rade. En quelques heures de temps, Toufic fait tout et rien, mais pas n'importe comment. A la désinvolture succède la colère, comme à l'absurdité, la tension. Il y est question, tantôt frontalement, tantôt par la bande, d'un commerçant philosophe et de deux accortes jumelles prénommées Sofia et Lauren ; d'un kidnapping en pleine rue et d'une femme qu'on regarde se déshabiller par la fenêtre ; d'un petit frère qu'on couve d'affection et d'une aimable fiesta dans un appartement, qui vire à l'embrouille sur le trottoir.
Rien d'insurmontable, mais toujours un détail pour rappeler qu'il faut rester sur le qui-vive dans un pays où l'on a à peine le temps de tourner un film entre une guerre civile, l'