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Libération
Critique

Batman, héros au noir

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publié le 13 août 2008 à 4h36

L'accueil critique favorable réservé à The Dark Knight étonne plus que le succès du film au box-office américain (160 millions de dollars de recette dès le premier week-end d'exploitation), plutôt prévisible puisque la franchise Batman est une vache à lait pour la Warner, depuis le premier épisode réalisé par Tim Burton, en 1989. Le positionnement adulte voulu par le réalisateur Christopher Nolan, né à Londres en 1970 et révélé en 2000 avec l'étonnant Memento, a fonctionné à plein régime. La plupart des journaux américains «sérieux» (à l'exception notable du New Yorker) ont applaudi ce Batman sombre, ancré dans l'atmosphère d'épouvante maussade qui semble saisir l'Amérique contemporaine. Tous les articles soulignent à quel point le film fait implicitement référence à un pays choqué par les attentats du 11-Septembre et n'en finissant pas, depuis, de remâcher ce coup de bambou traumatique. Entre hantise du terrorisme et menace écologique, les superproductions américaines se succèdent (Je suis une légende, Phénomènes, Wall-E.) qui, en forme de mises en garde de plus en plus alarmantes, agitent le spectre du retour à la barbarie (pour les hommes) et à la vie sauvage (pour l'espace urbanisé).

Baston. Le Batman nouveau ne fait donc qu'abonder dans cette vogue apocalyptique. Histoire de rappeler, en pleine période estivale, aux vacanciers rôtissant au soleil de la sottise, que le monde n'est pas une partie de plaisir (en paréo à fleurs) mais une baston (e