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Libération
Critique

Darfour, autopsie d'un drame

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publié le 20 août 2008 à 4h40

«Pour pouvoir, pour oser dire de grandes vérités, il ne faut pas dépendre de son succès.» Rousseau n'avait pas imaginé qu'à notre époque, le succès aiderait autant à se faire entendre. Voilà la chance du documentaire de l'Américain Paul Freedman consacré au Darfour, Du sable et des larmes. Sans George Clooney au générique, comme producteur et narrateur, quel serait le destin de ce film ? Ce n'est pas le premier sur le sujet, c'est assurément le seul qui se soit frayé un chemin jusqu'en salle.

Dans ce document, le rôle de Clooney - qui vient d'acheter les droits du livre de Jonathan Mahler, le Défi, retraçant la détention à Guantánamo et le procès du chauffeur de Ben Laden - est celui d'un aspirateur à spectateurs. Mais son apparition à l'écran dure en tout et pour tout deux secondes. Sur 90 minutes, c'est peu. Et c'est tant mieux.

Le film de Paul Freedman, déjà auteur d'un documentaire sur le génocide rwandais, analyse les événements qui ont permis à un gouvernement de tuer et déplacer une partie de sa propre population, sans craindre les remontrances de la communauté internationale. Il examine - succinctement - la chronologie du drame mais surtout la faillite de la communauté internationale à réagir, alors que les preuves de massacres s'accumulent. Les errements des Nations unies sont tels qu'une des protagonistes du film, l'auteure et lauréate du prix Pulitzer Samantha Power, s'interroge : «Finalement, qu'est-ce que l'ONU ? 191 pays qui ont cha