Menu
Libération
Critique

«Be Happy» à tout prix

Article réservé aux abonnés
publié le 27 août 2008 à 4h45

«Mais où va-t-on ?» est la question spontanée que l'on se pose vers la première demi-heure du dernier film de Mike Leigh, Be Happy. Nous sommes aux basques de la fort sympathique Pauline, dite Poppy, bloc de bonté souriante insubmersible que la caméra n'abandonnera jamais. Nous entrons de plain-pied dans sa vie d'anglaise très classes moyennes, institutrice trentenaire qui partage son appartement avec sa meilleure amie Zoe et sa vie avec des copines qui aiment boire et blaguer. Pauline se marre tout le temps et encaisse toutes les embûches, toutes les vacheries, avec la même désarmante bonne humeur : les types goujats, le braquage de son vélo, les mecs qui emmerdent ses petites soeurs.

Venin. A ce stade du film, et tout bien pesé le savoir-faire de Mike Leigh pour tisser sans accroc son petit monde de personnages attachants et vrais, on ne peut éviter le sentiment de se trouver dans une application ciné d'un format terriblement télé : centré sur une petite humanité de femmes qui se débrouillent sans hommes, Be Happy pourrait présenter des ressemblances embarrassantes avec les gynécées d'Ally McBeal ou de Desperate Housewifes, une certaine crudité british et l'inscription de l'image dans les flux de la rue formant la singularité charnelle et esthétique du film.

Si ces correspondances existent, elles ne communiquent pas vraiment et deviendraient plutôt le prétexte à démarques idéologiques grinçantes. Qu'il s'agisse de simples cours d'auto-école