Manoel de Oliveira, cent ans aux prochaines fraises, ne les sucrent pas. Pour preuve, son nouvel opus. A savoir la «preuve» filmée que Christophe Colomb n'était pas du tout espagnol mais portugais, qui plus est fils bâtard d'un roi (Ferdinand) et d'une dame de cour d'origine juive.
Lutin. L'enquête est menée à la façon d'un Buster Keaton en Cinoque Holmes. Le mystère du grand Colomb est d'abord exploré par deux frères portugais, Manoel et Herminio, qui, c'est «logique», ont eux aussi décidé de découvrir l'Amérique. Les voilà émigrants, en 1946, sur un rafiot que le budget modeste du film résume à une cheminée fumante et à quelques haubans. Cette pénurie est une richesse de cinéma quand, à l'arrivée en vue de Manhattan, une purée de fumigènes empêche d'apercevoir quoi que ce soit, sinon, comme dans un Turner inédit, des loupiotes noyées dans le coton. «Quelle déception», dit l'un des frères. «On reviendra quand il fera beau», dit l'autre. Laurel et Hardy à New York.
Le temps passe. Onze ans plus tard, Manoel est devenu professeur de médecine et Herminio est à Hollywood. Le temps passe encore jusqu'à s'arrêter en 1960, dans une église portugaise où l'on célèbre les noces de Manoel avec une certaine Silvia. Dès le lendemain de leur mariage, le couple met à profit sa lune de miel pour aller butiner des infos inédites sur Colomb. Façon Nous deux, c'est un roman- photo d'époque, cadré et dialogué comme tel. Elle qui dit : «Je suis impatiente de voir le tombea