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Libération
Critique

Supplices party

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publié le 3 septembre 2008 à 4h51

Contrairement à ce qui est avancé un peu partout avec une gourmandise rafraîchissante, Martyrs ne sonne pas forcément le réveil en fanfare du cinéma de genre français. C'est peut-être même le contraire. Il y a en lui une telle intensité baroque, crépusculaire, explosant, sans temps

mort, à peu près tout ce qui constitue les conventions du film horrifique, qu'il paraît peu vraisemblable que quelqu'un parvienne de sitôt à égaler les coups de boutoir qu'il est sur le point d'asséner au public hexagonal. On verra bien.

Miracle. Il vaut mieux se contenter pour l'instant de déguster la petite machine infernale qui déboule. Une toute jeune fille tuméfiée, tondue, scarifiée, fuit à toutes jambes une horreur sans nom. Dans l'institution qui la recueille, elle se lie avec une autre gamine, comme on s'accroche à une bouée dans la tempête. Fin de la bobine Super8 sépia qui tient lieu de générique et irruption brutale dans le présent. Une famille bien comme il faut prend un petit-déjeuner dominical dans une maison de campagne directement prélevée dans un rêve de sitcom. A peine le temps de les détester qu'on sonne à la porte. Le père ouvre et reçoit une décharge de chevrotine à sanglier à bout portant. Et c'est parti pour un festival ébouriffant, entre boucherie méthodique et épouvante fantastique, toujours sur le fil du rasoir et toujours à fond la caisse. Seulement voilà : si chaque situation a vaguement un goût de déjà-vu, ce n'est jamais dans ce sens là. Pascal Laugier, à qui il