Un jeune à la beauté romantique de Werther siffle des bières à la terrasse d'un café à Strasbourg, regarde les autres clients qu'il croque dans un carnet à dessin. Parmi les nombreuses jolies filles du lieu, il voit une brune qu'il croit reconnaître comme la Sylvia rencontrée six ans plus tôt au bar de nuit les Aviateurs. Il la suit dans les rues de la ville, se perd.
Bruits. Dans la ville de Sylvia, du cinéaste barcelonais José Luis Guerín (1) se déroule presque sans parole, sous le seul point de vue du flâneur et du dragueur, libre comme l'air et en même temps prisonnier d'une obsession amoureuse ou sexuelle. Guerín, né en 1960, a découvert Strasbourg à l'âge de 20 ans parce qu'il avait été saisi par les descriptions des paysages alsaciens de Goethe. Le film, bien que nourri de littérature et de mots, est presqu'intégralement silencieux. Ce qui ne l'empêche pas d'être rempli de sons (rumeurs, bribes de conversations emportées par le vent, bruits de pas sur les pavés.) et de musiques (notamment l'irruption quasi traumatisante du Voyage voyage de Desireless).
Guerín retrouve au passage le cinéma muet de l'Homme à la caméra de Dziga Vertov, au moment où le cinéma découvre sa capacité à célébrer l'espace urbain comme montage de rues, d'impasses, d'immeubles pareils à des décors de théâtre, un labyrinthe qui fait perdre la tête et tout sens de l'orientation.
Paroles. Hasard de la programmation cette semaine, sort sur les écrans un autre film presque muet et to