De deux choses l'une. Soit l'on n'a pas lu le livre. Dans ce cas c'est facile : on n'y entrave que dalle. On croit comprendre que Benoît Magimel est fils d'un gourou (Patrick Bauchau) spécialiste de clonage et d'éternité, qu'il s'est réincarné après la fin du monde sur une terre désertique et qu'il profère des phrases profondes sur le sens de la vie. Il a un e-book très pratique pour lire ses souvenirs tandis qu'une femme noire se traîne dans ses environs et sur les cailloux en mourant de soif. Il ne la voit pas et c'est dommage car il ne s'est «jamais senti aussi près de tomber amoureux». Il a également un chien, Fox, animal typiquement humain comme l'a expliqué Arielle Dombasle vers le milieu du film dans une scène assez drôle. Si le premier plan ressemble à du Syberberg en mode «opéra wagnérien», la suite se révèle rapidement ennuyeuse à périr tout en restant indéniablement singulière, ce qui fait qu'on s'emmerde de diverses façons, c'est-à-dire pas tant que ça. La question se pose de savoir si Houellebecq a voulu faire une parodie, si c'est juste bancal ou s'il y a du concept là-dedans (innocence, premier degré ?) mais on n'a pas vraiment envie d'y répondre. Reste la sympathie qu'attire toute oeuvre déviante et patraque.
Second cas de figure, on a lu le livre. Si l'on est fétichiste, on risque d'être déçu, car la parole du maître est ici toute dénervée. Houellebecq a fait autre chose que ce qu'on pouvait attendre. Les chapitres de Daniel1 ont perdu leur verve, le