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Libération
Critique

Le maître et les marguerites

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Quantique. Réédition du chef-d’oeuvre réalisé par Paul Newman en 1973 avec femme et fille.
publié le 10 septembre 2008 à 4h57

Aujourd’hui encore, plus de trente-cinq ans après sa réalisation, il est difficile de percer le mystère éblouissant qui a permis ce chef-d’oeuvre signé Paul Newman : De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites. Lorsqu’on décrit le film, raconte son histoire, explique de quelle manière il est fait, on tourne en rond autour des ingrédients, mais on ne trouve pas la clef du miracle qui les unit.

Peut-être faut-il quand même commencer par déblayer toutes ses évidentes qualités, même si l'entreprise a de fortes chances de s'apparenter à une check-list zéro défauts.

Inconvenances. Le scénario est adapté d’une pièce de Paul Zindel qui fleure bon son off-Broadway démocrate et humaniste. Il présente Beatrice, une mère indigne et néanmoins courage, ou vice-versa, qui élève dans la galère ses deux filles adolescentes et antipodiques : la frivole pom-pom girl Ruth et la brillamment studieuse Matilda. Issue de la classe blanche très moyenne, la famille vit sans homme (ils sont morts ou partis), mais héberge une vieille grabataire pour arrondir les fins de mois.

Beatrice est assez folle. Pas dangereuse, mais incontrôlable, agressive sans violence ni méchanceté. Narcissique, hystérique, égocentrique, désespérée, elle vitupère en permanence contre le sort que la vie lui a fait, court après l'argent et interroge ainsi sa cadette : «Bon Dieu Matilda, tu trouves pas que ce monde est haïssable ?» Surtout, aux yeux de la petite communauté urbaine et prov