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Libération
Critique

Reykjavik, ses flics, son spleen

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publié le 10 septembre 2008 à 4h57

«Je ne voulais ni glaciers, ni sublimes cascades ou champs de lave ; je suis allé naturellement vers des paysages déserts, rocailleux, battus par les vents.» Désolé pour Baltasar Kormákur, mais la beauté de l'Islande, même aride, même hostile, c'est ce qui saisit le plus, dans son film, Jar City. Une grandeur monacale s'en dégage, rehaussée par les filtres vert-de-gris, qui électrise un récit minimaliste. Soit l'enquête d'un commissaire taiseux de Reykjavik sur l'assassinat à grands coups de cendrier d'un chauffeur routier. Quel rapport avec la photo retrouvée scotchée au dos d'un tiroir de son bureau, et qui montre une tombe ? Il va être question d'ADN, de fichage génétique, de mensonges.

Jar City est au départ un roman policier, le premier signé Arnaldur Indridason, devenu en quelques années une référence du genre (lire Libération du 21 février). Le truc d'Indridason, c'est d'intriquer à mort : les histoires, les gens, les faits, les états d'âme. Mais pas sur le mode pétaradant du bon gros thriller américain. Dans le sillage de son flic mélancolique, une sorte d'apesanteur funèbre gaine le récit à multiples embranchements. Spleen garanti, plutôt que le frisson. Le film esquisse ça, notamment grâce à l'acteur principal, Ingvar E. Sigurdsson, qui fait très bien les croisés en pull-over.

Le message passe 5 sur 5, comme quoi il se passe des choses pas jolies-jolies en Islande, y compris au sein des familles (notamment celle du commissaire). S'y retrou