Il est plus que probable que Frowland a sauvé la vie de celui qui le signe. Même si pendant l'heure que nous avons passée à discuter avec Ronald Bronstein de la lente germination de son premier long-métrage il n'a jamais été question de suicide, le film, largement autobiographique, parle de lui-même. Enfoncé jusqu'aux oreilles dans le pur magma caoutchouteux de la négativité, le cinéaste aurait pu périr étouffé, la bouche remplie de tout un tas de cris à jamais inaudibles. Mais sa volonté obsessionnelle de faire quelque chose de ses angoisses l'a emporté sur les lois de l'attraction et les pulsions d'échec, sur les ténèbres et le silence qui lui suçait la moelle et il a fini par surgir à l'air libre comme une fusée déraillante mais impérieuse.
Eczéma géant. Frownland fait le portrait d'un homme, Keith Sontag, vivant dans le Queens. Keith est un individu dysfonctionnel, grimaçant, pour qui la moindre activité, la moindre phrase relèvent de l'exploit surhumain. Il lui faut composer en permanence avec les énergies désordonnées et contradictoires qui l'empêchent d'enchaîner les mouvements comme les gens lambda et le font à la place se dandiner dans son jogging flasque en faisant des moulinets avec les bras. De même, la communication avec ses proches ou avec les clients qu'il démarche toute la journée pour essayer de leur fourguer des coupons de solidarité avec les malades de la sclérose en plaque lui est si difficile qu'il a l'air épuisé et en nage au bout d'une ph