Comment ça va l'Amérique des images qui bougent ? Ces dernières années, on a constaté que la créativité avait migré de la fiction ciné à la fiction télé. Pour l'exemple, la fameuse série NYPD Blues qui, jusqu'à son arrêt en 2005 (12 saisons, 261 épisodes), inventa une nouvelle orthodoxie : la caméra à l'épaule plus qu'agitée du zoom et le parallélisme d'au moins trois intrigues. Suivirent bien des épigones aussi bien dans les feuilletons américains que dans les fictions hollywoodiennes qui se voulaient dans le coup.
A rebours, lorsque certains cadors de la série télé passent au cinéma «classique», le transfert est souvent décevant. On l'a vu la semaine dernière au festival du cinéma américain de Deauville avec Towelhead (sortie en France le 12 novembre), réalisé par Alan Ball, qui fut l'inventeur de la série secouée et secouante Six Feet Under. Quel que soit son sujet gonflé (une jeune Libanaise de 13 ans jouant la petite allumeuse dans un quartier chic et blanc), les audaces de Towelhead sont très en deçà de celles qui provoquèrent stupeur et ravissement aux premiers épisodes de la série. L'incorrection du film se cantonne à une scène de fantasme où la gamine imagine des joueuses de golf seins nus.
Socio-centrisme. Toujours à Deauville, la surprise, l'audace et le renouveau sont finalement venus de là où ne les attendait pas : la section documentaires, où neuf films de qualité inégale permirent de se faire une idée panoramique des soucis du moment,