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Libération
Critique

Captation d’énergie scolaire

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Le film de Cantet aurait pu être ennuyeux. Il est puissant et hypnotique.
publié le 22 septembre 2008 à 12h55

Dans la première séquence d'Entre les murs, on voit le jeune prof, François Marin (François Bégaudeau, lire portrait page 40) dans un café, avalant un expresso, le jour de la rentrée scolaire. Ce temps de solitude hors les murs, de liberté songeuse et de quant-à-soi silencieux gagné sur les exigences de la fonction, le rôle social, sera le seul que le film lui accordera.

Une fois franchi le seuil de cet établissement parisien, il devient un autre, perpétuellement visible, sous le regard des élèves, des collègues, de l’administration, des parents, toujours en état de parole, toujours accompagné, la plupart du temps le corps debout, dressé, à l’affût au milieu de gamins assis en embuscade, à la fois impérieux et débordé. On ne se souvient pas avoir jamais vu avec une telle évidence, une telle acuité, la scénographie scolaire dans son autonomie radicale. Ce qui a provoqué un véritable choc à Cannes, c’est sans doute cette tension sans détente du «in», ce pleins feux de la rampe pédagogique que le cinéaste Laurent Cantet refuse sur plus de deux heures d’éteindre par les techniques habituelles de la diversion ou de clair-obscur. Ce parti pris, qui prend le risque de la claustrophobie, révèle tout de suite son extraordinaire puissance descriptive, produisant un effet de netteté quasi-hypnotique.

François Marin a adopté un style plutôt décontracté. Il cherche à provoquer dans sa classe débats et interventions au fil des questions qui se présentent au fil des cours. Les él