Si Laurent Cantet est bien à nos yeux l'un des meilleurs cinéastes de l'actualité française, sorte d'envoyé spécial dans le réel, il convenait de le démontrer en images. De deux espèces : les unes extraites de ses quatre principaux films, Ressources humaines (1999), l'Emploi du temps (2001), Vers le sud (2006) et Entre les murs (2008) ; d'autres, dites d'actualité, présélectionnées par le service photo de Libération et au final choisies par Laurent Cantet lui-même.
C'est quoi l'idée ? Le rapprochement, la ressemblance, certes. Mais aussi, plus passionnant, la dissemblance et l'hétérogénéité. Pour tenter de mettre un terme au faux et fatiguant débat sur la part de réalité dans la fiction et du documentaire dans la fiction. Tout film emporte sa part documentaire sur une époque, l'état d'une société et de ses moeurs. Tout documentaire est une fiction dès lors qu'il relève du B.A.-BA du cinéma : cadrage, montage, choix. Un trouble impur, dont relève au plus haut point Entre les murs. La vie, c'est pas du cinéma, mais le cinéma, c'est la vie.
Tendresse et prostitution «Il est impossible de me plier à cette injonction terrible dite du "pitch". Pour Vers le sud, ce serait «tourisme sexuel». La photo de jeunes prostituées chinoises attendant le client me semble parfaitement répondre à ce résumé : c'est du commerce dans une boutique un peu particulière. L'image de Charlotte Rampling se baignant avec son amant noir suggère que dans l'esp