L'existence des films de Guy Maddin relève de l'anomalie heureuse. Voila près de vingt ans que ce petit gars de Winnipeg, Manitoba, Canada, fait des films impossibles. Entre autres, la Musique la plus triste du monde avec Isabella Rossellini en diabolique cul-de-jatte, patronne despotique d'une brasserie. Cette fois, il propose un muet pur jus, avec orgue en fond sonore, cartons et images noir et blanc envapées. Des trous dans la tête ! est l'histoire d'un orphelinat aux allures gothiques, paumé sur une île battue par des vents manifestement nordiques et tenu par une famille de givrés. Logique, mais ce n'est qu'un début. Il y a le père dans son labo qui expérimente une potion extraite du cerveau des enfants perdus. La mère, folle sadique, qui ne pense qu'à ralentir les irréparables outrages du temps. Il y a aussi la fille, une blondinette révoltée au regard de Lilian Gish qui affronte la tyrannie de la mère avec l'énergie du désespoir. Sans oublier le petit garçon dont le nom (Guy Maddin) suffit à traduire le rôle de témoin.
Androgynes. Tout se mêle bientôt entre dérapage onirique et jeux d'enfants interdits, fantaisies érotiques et conte sadomaso dans lequel font irruption sans crier gare des ados androgynes déguisés en Fantomas. «Une partie de mon enfance a été soumise aux disputes incessantes entre ma soeur aînée qui refusait de cesser de grandir et ma mère qui ne le lui pardonnait pas, nous explique le cinéaste, de passage à Paris. Cela ne m'a pas