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Libération

Un auteur à l’européenne

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Il lui aura suffi de cinq films en neuf ans pour s’imposer en cinéaste sensible, plus proche de la Nouvelle Vague que du spectacle hollywoodien.
publié le 29 septembre 2008 à 8h26

La filmographie de Paul Newman cinéaste tient sur les doigts de la main : cinq longs métrages, conçus entre 1968 et 1987. Ce quintet lui a cependant suffi pour acquérir dans cette sphère le respect comme metteur en scène.

Une couleur primaire domine cette oeuvre brève : le lien. Tout part de lui et y revient. Le lien avec son épouse et actrice fétiche Joanne Woodward, qui joue dans quatre de ses films, et celui qui en découle : le lien familial qui forme le sujet monomane de son travail.

Indépendance. Rachel, Rachel (1968) est autant un film avec que sur Woodward. Portrait à la fois tendre et aigu d'une institutrice toujours célibataire ballottée entre une mère qui l'ennuie et un amant médiocre, le film va prendre à revers critique et profession de l'époque, qui n'imaginaient pas le placide acteur hanté par des univers aussi dysfonctionnels. Rachel, Rachel enregistre à sa façon cette proximité amoureuse très moderne entre les deux pôles qui orientent la caméra, l'oeil du cinéaste et l'objet de son attention.

Le projet dégage un parfum de film d'auteur à l'européenne, influencé par les ressacs Nouvelle Vague, un peu comme Cassavetes et Gena Rowlands l'expérimentent à la même période, mais avec cette particularité : Newman, enfant béni du commerce hollywoodien, place son activité de cinéaste sous le signe d'une déclaration d'indépendance à l'égard du système dont il est issu. Surprise supplémentaire : il ne joue pas dans son propre film, refusant de tirer trop facil