Marco, l'enfant gitan de 11 ans qui donne son visage et sa lumière à Khamsa, a beau être un personnage, une émanation, la figure artistique dans laquelle un cinéaste précipite un kaléidoscope de propriétés humaines, on éprouve à son égard un attachement qui n'est en principe possible qu'à l'égard d'une personne. Il y a vraiment très longtemps que le cinéma, où l'enfance est pourtant une dimension naturelle, ne nous avait offert ce cadeau gratifiant et douloureux : un personnage que l'on aime comme une personne mais qui est si jeune qu'il soulève une émotion inquiète et protectrice.
Galériens. Dans Khamsa, Marco va vivre une sorte d'épopée bouillonnante d'énergie dramatique. Rejeté par sa belle-mère (qui ne le laisse pas approcher non plus ses demi-frères), lâché par son père ferrailleur, buveur et brutal, échappé du foyer socio-éducatif, il va encore subir la mort de sa grand-mère, commettre tous les délits à sa portée, ne glisser que de justesse entre les pattes de flics ou pis et, finalement, se prendre de plein fouet un fatum de tragédie. On pourrait croire le tableau surchargé, c'est l'inverse : avec l'assurance d'une étoile qui file dans un ciel limpide, Karim Dridi et son Marco (exceptionnel Marco Cortes) diluent tous ces orages dans la lumière d'un Marseille solaire et mordoré. Le rythme est vif et léger et la zone des camps gitans, des bas-fonds de l'Estaque ou des rebuts industriels est filmée comme elle est aimée et habitée : sans