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Libération

Marc Cholodenko, voix poétique de Garrel

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Depuis vingt ans, l’écrivain prend en charge les dialogues masculins des films du cinéaste.
publié le 8 octobre 2008 à 6h51

«Que la folie vienne vite» était le credo de Marie pour mémoire, premier Garrel tourné en 1967 à 19 ans. En 1971, un poète de 21 ans, Marc Cholodenko, publie Parcs, premier recueil où il s'agit d'«être à la hauteur du psychédélisme qui nous attend.» Les deux garçons, cependant, ne se connaissent pas. Ce n'est qu'en 1988 que Marc Cholodenko deviendra le dialoguiste attitré de Philippe Garrel, en charge des personnages masculins (la dialectique est telle chez Garrel que les dialogues féminins y sont confiés à une femme, Arlette Langmann souvent). Rôle délicat : le cinéma de Garrel, forclos et intime, suppose un récit à la première personne. Cholodenko, pourtant, réfuterait le terme de scénariste-alter ego du cinéaste. Il est davantage un ami générationnel, un peu lointain, toujours là.

Le tandem fonctionne en ce que, artistes précoces dans une période électrique, rencontrant de plein fouet la poésie dans le rock (Garrel vivait avec Nico, Cholodenko dédiait ses poèmes à Soft Machine, à Mick Jagger et à Dylan - à qui il ressemble), ils ont chacun traversé des expériences radicales après 68 : «Les poignets que l'on passe au travers d'une fenêtre», puis le désert des années 70 où Garrel, crucifié par l'acide et les électrochocs, la raison en miettes, vit replié dans un appartement repeint de noir, quand Cholodenko vit jusqu'au bout le trip communautaire, dédiant son Tombeau de Hölderlin au gourou Sri Chinmoy, «Père bien-aimé». La voie de so