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Libération
Critique

Woody et ses sabots

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Ibère. Chronique de mœurs vaine et caricaturale.
Scarlett Johansson avec le réalisateur Woody Allen pour son nouveau film, "Vicky Cristina Barcelona", le 4 août 2008. (REUTERS/Fred Prouser) (REUTERS)
publié le 8 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 8 octobre 2008 à 6h51)

Woody Allen raconte avec une coupable candeur qu'il ne comprenait rien aux paroles que s'échangeaient devant la caméra Javier Bardem et Penélope Cruz. S'exprimant dans leur langue d'origine, les deux vedettes brodaient, tandis que le cinéaste, lui, se contentait de filmer. Ou de faire la sieste ? Car, avec le recul, on trouve le procédé d'autant plus désinvolte que Vicky Cristina Barcelona manque précisément de consistance, variation romantique dont la nature volatile tranche avec plusieurs antécédents autrement affûtés du New-Yorkais.

Vicky… boucle en fait sur une note ensoleillée une campagne européenne entamée en Angleterre (Match Point, Scoop, le Rêve de Cassandre), avant retour au pays (à suivre : Whatever Works). Non moins en roue libre que le metteur en scène, deux jeunes et jolies Américaines au tempérament opposé - c'est précisé d'emblée par une voix off expéditive - s'en viennent en Espagne faire la tournée des vieilles pierres et, pourquoi pas, tâter de l'étalon ibère. Justement, la blonde et la brune rencontrent Juan Antonio, un chaud Latin - le système pileux fait foi -, artiste peintre qui ne demande qu'à les croquer, tout en ayant encore pas mal de trucs à régler avec son ex, une brunette non moins méditerranéenne et caricaturale.

Avachi dans les stéréotypes mordorés, Woody Allen, 72 ans, filme tout cela avec une obligeance qui suggère la myopie quand, à la série de portraits qui n’élève jamais un débat englouti dans les mœurs