Menu
Libération
Critique

De l’autre côté des barreaux

Article réservé aux abonnés
Stéphane Mercurio donne la parole aux femmes, filles, mères de détenus.
publié le 29 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 29 octobre 2008 à 6h51)

A côté documentaire de Stéphane Mercurio. 1 h 32.

Au tout début du film, on entend leurs cris. Appels lointains des prisonniers de la maison d’arrêt de Rennes qui, comme tous les détenus de France, trompent l’ennui et l’angoisse en gueulant derrière les barreaux. De ces hommes, on ne connaîtra ni les visages, ni les noms, ni les raisons qui les ont conduits en prison. D’eux, on ne verra qu’elles. Femmes, mères, filles. Ici ou là, quelques apparitions d’un père ou d’un fils de détenu. Rares. Aux portes d’une prison pour hommes, ce sont les femmes qui font la queue aux parloirs.

Désastre. Stéphane Mercurio voulait faire un documentaire qui raconte la vie des familles de prisonniers. Elle a fait un documentaire qui raconte la prison. Mieux, sans doute, et c'en est troublant, que n'importe quelle incursion carcérale. Tant les vies arrêtées de celles qui attendent en disent long sur les mécanismes de déconstruction à l'œuvre en détention. «Nous aussi on est en prison», dit l'une. La phrase résume les six heures de trajet pour trente minutes de tête à tête glauque et surveillé, les parloirs annulés sans qu'on vous dise pourquoi (est-il malade, blessé, mort ? Il faudra attendre la semaine prochaine pour le savoir), les livres, colis soigneusement emballés et rejetés à l'entrée - règlement oblige. Plutôt que de filmer la prison à l'intérieur - entreprise nécessaire, mais toujours soumise à censure et restrictions - Stéphane M