Hellboy II : les Légions d'or maudites de Guillermo del Toro avec Ron Perlman, Selma Blair, Doug Jones, Jeffrey Tambor, John Hurt… 1 h 59.
Longtemps, le cinéma de spectacle hollywoodien a consisté à proposer un réenchantement du monde. Le travail de Guillermo del Toro avec Hellboy consiste pour sa part à formuler un désenchantement du monstre. Pourtant, on ne voit pas, depuis Tod Browning, de cinéaste ayant développé au fil de ses films un tel amour du monstre, une empathie si puissante qu'elle confine à l'identification. Mais c'est précisément parce que Del Toro l'aime qu'il désenchante le monstre. C'est justement parce qu'il a une âme et parce que celle-ci est contradictoire et complexe que son Hellboy est un type si cafardeux, un personnage psychologiquement si moyen, si profondément prisonnier de son destin, cette condition non-humaine contre laquelle, pathétiquement, il se bat. Par exemple en se limant les cornes…
Souffle mélancolique. Avec cet épisode II, Guillermo del Toro prolonge, amplifie et embellit l'étrange dessein qu'il semble avoir fixé à son superhéros postmoderne : partager le sort des hommes. Mais au prix d'un renoncement, peut-être d'une trahison : il lui faudra d'abord éliminer certains des siens. C'est en effet tout l'outre-monde des monstres, jusqu'ici cantonné dans un espace-temps parallèle, qui est entré en guerre contre l'humanité dans Hellboy II, avec à leur tête le prince Nadua, cré