Dans le lobby de l'hôtel, trop tôt dans la matinée, Jerzy Skolimowski (Deep End, le Cri du sorcier, Travail au noir…), 70 ans, se réveille d'une nuit parisienne arrosée (il avait la veille voulu faire une surprise à son copain Dennis Hopper, célébré à Paris). Il se réveille aussi de dix-sept ans de «vacances», sans pouvoir filmer.
Que s’est-il passé depuis votre adaptation de Ferdydurke, de Witold Gombrowicz, en 1992 ?
Gombrowicz était inadaptable à l’écran. Je m’en suis rendu compte trop tard, hélas. C’est une langue trop subtile et le cinéma n’a qu’un langage simple à offrir. S’en est suivi une remise en question profonde : peut-être que le cinéma ne me convient pas. Je me suis retourné vers la peinture.
Vous peigniez déjà ?
La peinture a été la passion de toute ma vie. Mais jusqu’à cette crise, je n’avais pas le temps de m’y consacrer. Les musées ont commencé à s’y intéresser, puis des collectionneurs. Jack Nicholson en a trois, Dennis Hopper en a acheté quatre. Nicholson, Dennis, Bob Rafelson, Michael Cimino, c’est ma bande de copains. On se connaît pour la plupart depuis la fin des années 60. Vivre avec eux à Malibu n’a rien de triste. Et même après toutes ces années, je ne sais toujours pas qui est le plus dingue de toute la troupe.
Quelle vie menez-vous quand vous êtes là-bas ?
Ah… C’est un endroit si étrange, un peu comme une belle maladie : les années passent si vite, tout simplement parce qu’il y fait la même sa