La prestidigitation ayant aussi ses limites, My Magic est reparti bredouille du dernier festival de Cannes, où il figurait en compétition dans la sélection officielle. Ce n'est pourtant tous les jours qu'un film en provenance de Singapour côtoie les abonnés Atom Egoyan, Dardenne brothers et autre Clint Eastwood. S'il a peiné à rivaliser avec la concurrence internationale, le quatrième long métrage d'Eric Khoo (Be with Me, qui ouvrait la Quinzaine des réalisateurs en 2005) mérite toutefois mieux que le statut de bizarrerie exotique. «J'ai toujours voulu que ce film soit petit et délicat. Je ne voulais pas d'extravagance, au contraire, je tenais à conserver un ton intimiste et subtil», argumente ainsi son auteur, tombé un jour en arrêt («il est plus grand que la vie, je rêvais de faire un film avec lui et pour lui») devant l'Indien Francis Bosco, dont la véritable vie sert de canevas au synopsis.
Authentique magicien professionnel depuis plus de dix ans, cet ancien laboureur taillé comme un menhir joue le rôle d'un type au bout du rouleau, qui boit comme un trou, élève seul son fils et vivote en débarrassant les tables d'une boîte de nuit pouilleuse… où on l'incite, un jour, à exercer sur scène ses talents de showman. Car Francis Bosco, le «vrai», comme celui de My Magic, a (aurait ?) des dons très particuliers, qui lui permettent de se perforer la peau avec des aiguilles à tricoter, de s'allonger sur du verre pillé ou de mastiquer d