Witold Gombrowicz, cherchant à décrire ce qu'il avait visé avec son récit avant-gardiste Ferdydurke, publié en 1937, histoire d'un adulte qui redevient un adolescent, disait : «Nous vivons une ère de violents changements, de développements accélérés dans laquelle les formes acquises se cassent sous la pression de la vie… la nécessité de trouver une forme pour ce qui n'est pas mûr ni cristallisé, mais encore sous-développé, aussi bien que le grognement que génère l'impossibilité de trouver ce postulat, voilà le moteur principal de mon livre.» Nous avions quitté Jerzy Skolimowski en 1991, avec sa tentative folle (et impossible) d'adapter Ferdydurke à l'écran. Or, cette question de l'immaturité, de la grimace d'insolence, d'incompréhension ou de douleur que provoque «la pression de la vie» traverse les meilleurs films du cinéaste polonais et encore aujourd'hui ces Quatre Nuits avec Anna.
Hurlement. Le personnage principal, Leon Okrasa, est un sans-grade, enfant abandonné, élevé par une aïeule impotente, célibataire entre deux âges, ne parlant quasiment pas et comptant pour rien. Il a une tête de coupable, il fait peur, il fait pitié. Un jour revenant de la pêche, il est témoin d’un viol. La victime, Anna, est une infirmière de l’hôpital qui vit seule avec son chat en face de la maison de Leon. Celui-ci se met à l’observer tous les soirs depuis sa fenêtre, puis s’arrange pour la droguer et la visiter la nuit.
Le récit n’est pas donné dan