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Usine à gaz. Un décret de loi paru début octobre veut encadrer la diffusion des films dans les festivals. Entre censure déguisée et casse-tête pour les organisateurs, une situation que la France partagerait avec la Chine et l’Iran.
publié le 10 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 10 novembre 2008 à 6h51)

«Une mauvaise solution à un problème qui ne se pose pas.» La formule est d'Antoine Leclerc, délégué général du Carrefour des festivals, association qui regroupe une cinquantaine de manifestations de cinéma en France. Il qualifie ainsi le décret de loi du 1er octobre 2008, obligeant les festivals de films, cinémathèques ou ciné-clubs à demander au Centre national de la cinématographie (CNC) une autorisation pour projeter un film ne possédant pas encore de visa d'exploitation.

Le visa temporaire sera valable une semaine pour six projections, le tout sur le territoire d'une seule commune. Pas davantage. La demande doit être adressée à la Commission de classification des films, dépendant du CNC, au moins deux semaines avant la projection, sous forme d'un «synopsis détaillé et, le cas échéant, d'une fiche récapitulant les mesures de restriction prononcées dans les pays où cette œuvre a fait l'objet d'une exploitation». Enfin, la loi précise que «le ministre de la Culture peut demander que lui soit remise une copie de la version exacte et intégrale de l'œuvre qui sera représentée». Cette étrange mesure, qui permet accessoirement à la France de rejoindre la Chine et l'Iran au rang des pays qui pratiquent l'usage du visa temporaire pour des manifestations culturelles, est, selon de nombreux professionnels, impossible à appliquer.

«Cela n'a pas de sens», s'agace Laure Tarnaud, déléguée générale de la Société des réalisateurs français (SRF)