Pour débuter au cinéma, Abbas Kiarostami a suivi la filière typiquement iranienne du cinéma pour enfants, la première de son pays à laisser envisager une activité, sans la garantir. C’est en tout cas un bon moyen de commencer dans une vie de metteur en scène, parce que ça oblige à penser et à concevoir tout un tas de petits trafics bricoleurs et de subterfuges embusqués, qui concernent aussi bien la direction d’acteurs enfants que la nécessité de se faire comprendre du public destiné. C’est une excellente école de l’affût, par exemple, comme ce charmant programme de deux courts métrages et un moyen, tous inédits en salles, le laisse déduire.Vus ensemble, ils forment un involontaire triptyque à l’enfant, avec deux miniatures (persanes) latérales et un portrait central très rapproché. Le tout dans un noir et blanc imparfait, mais beau et d’époque.
Charité. Les deux courts ressemblent à des fabulettes à peu près irrépréhensibles. Un garçon joue au foot avec une boîte de conserve dans les ruelles, trottine, s'effraie d'un chien. Un autre, puni pour avoir cassé un carreau de son ballon, est privé de récré. Mais leur pittoresque distancié (la version orchestre d'Ob-La-Di, Ob-La-Da !) les fait ressembler à des exercices de style par rapport à l'Expérience, portrait poignant d'un préado solitaire qui habite tout entier ce petit film tendu et triste, sec comme un coup de trique, d'une inquiétante et précoce profondeur.
A son échelle ce garçon est un p