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Libération
Critique

L’amer courage d’Eastwood

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Chapeau cloche. Le cinéaste américain revient sur un fait divers des années 20.
publié le 12 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 12 novembre 2008 à 6h51)

Le cinéma de Clint Eastwood a quelque chose de paradoxal. Plus le réalisateur avance en âge et en expérience, plus il semble vouloir maîtriser son histoire, au risque de la verrouiller dans une forme impeccable mais dénuée de toute ambiguïté. Pour son trentième film, il s'est emparé d'un fait divers oublié (accompagné de l'inévitable et comminatoire sentence du générique, «a true story»), dont il fait un récit chronologique méticuleux, survolé par un désir obsessionnel de sanctuariser la victime et d'accabler ses bourreaux.

Calvaire. L'affaire se déroule dans le Los Angeles de 1928 (deux ans avant la naissance du cinéaste), ainsi que le dévoile ce premier plan aérien qui croque en une image le gigantisme désordonné de cette bourgade qui a poussé trop vite, à l'ombre envahissante d'Hollywood. Il ne manque pas une feuille de palmier à la reconstitution de la Cité des Anges, du joli tramway rouge aux voitures d'époque en passant par les meubles de chez l'antiquaire et le chapeau cloche qui ne quitte jamais l'héroïne.

Christine Collins (Angelina Jolie), une femme émancipée car mère célibataire, gagnant sa vie dans une entreprise florissante de téléphonie (comme si aujourd’hui elle bossait pour Google), signale la disparition de son jeune fils. Trois mois d’angoisse plus tard, la police convoque triomphalement la presse et la mère éplorée pour annoncer qu’elle a retrouvé le garçon. Formidable, sauf que c’est un autre gamin.

C’est le début d’un interminable