Il en va des salles de cinéma porno comme de l'espace dans Alien : de ce fin fond-là, personne pour vous entendre crier. Serbis est un film intégralement tourné dans un cinéma porno d'Angeles, Philippines, un trou noir de deux étages dans une zone suburbaine. Une salle de cinéma à l'italienne, avec ses affiches peintes et un escalier en majesté, duquel ruisselle l'eau noire des latrines quand celles-ci sont inondées. Les murs sont recouverts de graffitis. Qui tiennent la mémoire de toute la bande de tapins rouleurs de hanches, pour la plupart des garçons qui se sont fait pousser les seins et qui occupent ce grand escalier entre deux passes. Avant d'y retourner, dans la salle.
Crasseux. Il n'est pas nécessaire que Serbis soit en odorama pour que l'image sente là physiquement le foutre, la pisse, la merde, la clope froide et même la chèvre. Il arrive, oui, de temps à autre que des chèvres s'égarent dans cet Eden pourri. Pénétrer là, dans la salle comme dans le film (les deux ont fini par se confondre), c'est prendre le risque de ne jamais en ressortir vraiment.
Serbis, en dépit de ses apparences bordéliques, magnifiquement anarchiques, est un film qui sait bel et bien où il va : un cinéaste ne commence pas par hasard sur une lueur aveuglante de lampe, qui n'est pas sans rappeler l'éclat trop fort d'une lampe de projecteur cinématographique, pour se terminer (comme au temps des joyeuses seventies et des longues analyses sur le