Serge Roullet est un type qui a bossé avec Flaherty (oui, celui de Nanouk) et Bresson (celui du Procès de Jeanne d'Arc), a été reporter en Israël en 48, militant communiste contre l'Indochine, marié avec la photographe Janine Niépce. Il est allé faire un tour avec Sartre à Venise et avait adapté la nouvelle le Mur sur des dialogues de l'existentialiste strabique, lequel dira s'être entièrement reconnu dans le film. A part ça, l'étrange carrière de Roullet, 82 ans, est surtout faite de scénarios jamais tournés et d'une marque de cognac renommée, Roullet et fils, fondée en 1791 et dont il tire ses revenus.
Il est l’auteur de quatre rares longs métrages récemment regroupés en un coffret DVD. Le dernier, Avoue que tu mens, s’est d’abord appelé Claudia disparue, du nom d’une nouvelle de Roullet, adaptation complétée cette année par celle de l’Ami, autre nouvelle de l’artiste-viticulteur. Particularité : le film se joue pour trois semaines trois fois par jour au théâtre Déjazet à Paris, et seulement là. C’est un objet curieux, mais parfaitement identifié : le film dispositif. On pense dès le second plan et demi à l’Hypothèse du tableau volé de Ruiz, à Robbe-Grillet après quelques scènes d’adolescentes osseuses et fessues, à Eugène Green dans la littérarité joueuse et s’adressant au spectateur dans les yeux.
On a raison de penser tout ça, car Klossowski apparaît (oups, spoiler) à la fin de l'histoire, sous forme d'une belle citation qui propose un mode d'em