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Libération
Critique

«Stella», rêves de comptoir

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Peau de lapin. Chronique seventies d’une préadolescence partagée.
publié le 12 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 12 novembre 2008 à 6h51)

une Stella, au comptoir de n'importe quel troquet, c'est une Stella Artois, un demi de base qu'on commande pour la soif, pour le plaisir. Dans le film de Sylvie Verheyde, Stella est le prénom d'une petite fille d'une dizaine d'années, elle aussi sous pression. D'autant plus qu'une partie de sa vie se situe dans un bistro du fin fond du XIIIe arrondissement de Paris, tenu par ses jeunes parents. Un havre de guerre et paix, port d'échouage pour les épaves du quartier, un assommoir. Mais pas seulement, surtout quand le juke-box pour tous transforme le rade en bal-parquet.

Choc des cultures. Et voilà brossé un hommage bienvenu à une culture, voire une civilisation, populaire qui ne se paye pas pour autant de clichés héroïques : la maman de Stella (Karole Rocher, sensasse) n'est pas une sainte mère, mais c'est une bonne maman. Le papa (Benjamin Biolay, bonne surprise) est comme le dit sa fille : dragueur, buveur, brave gars dans le fond. Et Guillaume Depardieu, petit rôle qui n'a pas besoin de parler pour s'exprimer.

Sur l'autre rive de sa vie, Stella entre en sixième au lycée la Fontaine, dans le XVIe. Le choc des cultures est plus que violent. Stella ne comprend rien, ni ce qu'on lui enseigne, ni ses petites camarades qui moquent son col de blouson en véritable peau de lapin. De l'école au bistro, le film fait la navette, en métro. Sur le quai, Stella se fait enfin une copine, Gladys Rodrigues, une amie vraie de vraie, fille d'émigrés juifs