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Libération
Interview

«Une conséquence du nazisme»

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Martin Jander, historien de l’université de New York :
publié le 12 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 12 novembre 2008 à 6h51)

Martin Jander, historien dans l'annexe berlinoise de l'université de New York, a notamment collaboré à l'ouvrage RAF et terrorisme de gauche de Wolfgang Kraushaar.

On présente souvent la RAF comme un "dérapage" du mouvement de libération de la fin des années 60… C’est la théorie que semble reprendre Eichinger…

Je suis un grand fan d'un livre contesté en Allemagne et publié en 1978 par la Britannique Julian Becker, Hitler's Children… Elle estime que la RAF est une conséquence du nazisme, du fait que nombre de jeunes de cette génération n'ont pas supporté l'idée d'être enfants de bourreaux. Au final, ils reproduisent le même schéma… Si on relit le manifeste de la fondation du groupe Baader-Meinhof on est frappé par l'antiaméricanisme, l'antisionisme, voire l'antisémitisme du texte… Bien sûr, les anciens membres du groupe contestent violement cette théorie…

Le film n’explique pas vraiment pourquoi ni comment les principaux protagonistes sont entrés dans la violence…

Ulrike Meinhof est une intellectuelle, certainement lassée de commenter ce qui la révolte : la guerre du Vietnam, le soutien de la République fédérale aux Etats-Unis… Elle veut enfin agir, plutôt qu'écrire… Même chose pour Horst Mahler, l'avocat de Baader [aujourd'hui dignitaire de l'extrême droite allemande, ndlr] sans qui la RAF ne serait sans doute pas née. C'est lui qui va retrouver Ensslin et Baader en cavale en Italie pour leur proposer son projet d'un groupe armé. Mahler comme Meinhof sont fascinés par Baader, qui n'est rien d'autre qu'un petit criminel, parce qu'il est «capable de voler une voiture sans avoir mauvaise conscience», comme le dira Mahler. Cela semble banal, mais je crois que ça a été aussi banal que ça. Baader pren