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Libération
Interview

«Je ne vois pas d’opposition entre art et histoire»

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publié le 26 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 26 novembre 2008 à 6h51)

Une masse noire, des mains d’étrangleur, une voix épaisse et une attitude de bon vivant, le prix Turner 1999, la caméra d’or 2008 : l’artiste anglais le plus en vue est inattendu et imposant, à l’image de son film.

Quelle distinction faites-vous entre vos œuvres sur pellicule et ce film ?

La même séparation que l’on fait entre un poème et un roman. Ils utilisent tous les deux des mots, mais l’un se déploie dans la narration, quand l’autre condense une idée.

Ici, vous n’êtes plus seulement dans la narration, mais aussi dans l’histoire contemporaine…

Je pense que j’avais besoin, alors qu’on me donnait l’opportunité de réaliser un premier film narratif, de me raccrocher à quelque chose qui avait existé, à des faits, à une expérience humaine et peut-être plus encore à la présence physique de cette expérience humaine. Voir comment j’allais pouvoir mêler l’histoire et l’Histoire, exposer les faits et jouer de la présence physique.

Dans ce mélange de pisse et de merde étalé sur les murs de la cellule, on pense, plus encore qu'à vos propres travaux, à ceux de l'artiste américain Mike Kelley…

Ah… [il fait la moue] Pour moi, il ne s'agit plus d'art, mais de protestation. Il s'agit de faits, ça s'est vraiment passé comme ça. Ils ont refusé les uniformes réglementaires, puis ont recouvert la cellule de leurs excréments, poussant la situation vers le pire pour provoquer quelque chose d'agressif physiquement, qui devai