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Libération
Critique

Kurt Cobain sur parole

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Fantôme. Mise en images d’entretiens fleuves avec la star grunge.
publié le 26 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 26 novembre 2008 à 6h51)

Une très belle matière fantôme donne sa consistance au documentaire Kurt Cobain, About a Son : des interviews avec la star grunge christique enregistrées par le journaliste Michael Azerrad entre décembre 1992 et mars 1993 dans la propre maison du leader de Nirvana, à Seattle, «la plupart du temps entre minuit et l'aube». Ces entretiens courent sur plus de vingt-cinq heures et balaient toute la courte vie du musicien défunt, de l'intime au politique, du musical au familial, de la vie privée solitaire à l'insupportable célébrité. Ils ont été conduits dans la perspective d'un livre (Come As You Are : The Story of Nirvana) et forment le plus fiable des documents (auto)biographiques sur Cobain. D'autant que, comme il le dit en attaque : «Après ces interviews, je ne parlerai plus de ma vie privée. Les gens n'ont pas besoin de tout savoir de moi. Fuck them!» Par le fait, il tiendra parole : un mois après ses dernières confidences à Azerrad, Cobain était retrouvé mort.

Culte de la différence. Il n'y a pourtant rien d'extraordinaire, scandaleux ou croustillant dans cette vie, telle que Cobain la raconte, et c'est précisément tout son drame : la banalité de la middle class blanche d'Aberdeen a tapissé son enfance de ses couleurs insipides. Le divorce de papa et maman est le seul trauma consistant dont il se plaint, en reconnaissant d'ailleurs que ce n'est pas grand-chose, au fond. C'est pourtant là qu'il voit le moteur de sa