Un mercredi soir de novembre, autour d’une table chaleureuse, à l’étage d’un cinéma parisien, Catherine Deneuve, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige se retrouvent. Leur dialogue porte la pudeur des expériences qui marquent.
Comment s’est opérée votre rencontre ?
Khalil Joreige : Tout s'est fait très vite, par enchaînements de circonstances : notre producteur Tony Arnoux s'est retrouvé bloqué à Beyrouth quand la guerre a éclaté par surprise le 12 juillet 2006. Nous, de notre côté, étions bloqués à Paris, impuissants. Une fois que Tony a pu rentrer en France, nous nous sommes mis à rêver d'un film à faire. Il nous a poussés vers cette audace, demander à Catherine Deneuve d'entreprendre cette aventure avec nous. Nous nous sommes rencontrés assez rapidement, dans un café, au début de l'automne de la même année, et vous [Catherine Deneuve, ndlr] avez dit oui tout de suite. Nous vous avons prévenue immédiatement que ni vous ni votre partenaire Rabih Mroué ne disposeriez de tous les éléments du scénario, pour que se crée un dispositif de surprise.
Qu’est-ce qui motive la confiance de l’acteur à ce moment-là ?
Catherine Deneuve : C'est très intuitif. Ils m'ont fait l'impression d'un très grand calme au moment d'exposer le projet et de parler du Liban. Une trop grande exaltation m'aurait un peu inquiétée. J'aime qu'on s'exalte pendant le travail, mais il faut un certain ordre dans les choses, non ? Ils avaient quelque chose de très rassurant, comme s'il