Dans la mesure où Agnès Varda est à elle toute seule une île sur la carte de ce drôle de monde appelé Cinéma, il est normal qu'on l'aborde par la mer. Les Plages d'Agnès, c'est bien sûr Agnès à la plage, c'est encore Varda plagiste, qui range et dérange son petit univers, sa boutique de souvenirs et ses lignes d'horizons, et c'est surtout Agnès Varda, dragueuse. La drague, c'est la séduction (ici permanente, c'est une des forces de Varda de toujours aguicher, minauder, en rire, puis ne plus en rire du tout et en faire une affaire sérieuse sans prévenir), mais draguer c'est aussi la seule façon de vraiment bien pêcher quand on est sur le sable. On prend les filets avec soi et on «drague» la côte en drainant tout ce que le bord de mer laisse de comestible. C'est comme ça et pas autrement qu'on s'y prenait pour la sardine. Les souvenirs sont des sardines récalcitrantes, parce que la mémoire, ça glisse entre les doigts, toujours, mais si l'on sait s'y prendre, on peut toujours retenir des traces d'écailles qui feront office de preuves.
Les films sont des preuves chez Varda d’une vie passée, d’un moment vécu dans un endroit. Aujourd’hui, il est temps pour elle de remettre les films dans leur bain et de reprendre le déroulé de sa vie en drainant le tout en un seul filet. Les plages de sa vie - de Sète (l’enfance, les années d’occupation) à la Vendée d’adoption (l’expo «l’Ile et elle» à la Fondation Cartier), en passant par l’océan Pacifique -, dans l’espoir de récolter que