Menu
Libération
Critique

Harmony retrouvé

Article réservé aux abonnés
Alien. Le New-Yorkais plus mûr, mais toujours barré.
publié le 17 décembre 2008 à 6h51

Que peut un cinéaste de 35 ans à qui on aurait tout donné trop vite ? Que veut celui qui a passé les huit premières années du siècle à se démolir ? Harmony Korine est le survivant de sa propre cause, le rescapé d'une époque, les clubs kids du New York des années 90, mixant skate culture, désinvolture baggy, colle à sniffer et/ou crack. Au champ d'honneur, les adultes qui les ont contemplés (Larry Clark, Gus Van Sant) s'en sont sortis avec moins de pertes - ils avaient gardé leurs distances. Harmony a été leur sujet d'expérimentation, un jeune mec en laboratoire qui, pour ne rien gâcher, avait du talent à revendre. Ses deux films de la période, Gummo et Julien Dunkey-Boy, le montraient s'adonner à un feu d'artifice incontrôlé d'images stupéfiantes. Puis d'appartements réduits en cendres en séparations dévastatrices (Chloë Sevigny partie), Korine a commencé à s'en prendre à lui-même. On l'a vu entamer une série de courts métrages masochistes où il demandait à des anonymes dans la rue de lui éclater la tronche, puis il n'a plus donné de nouvelles (paraît-il qu'il faisait des fanzines, passant sa bite sous la lumière bleu d'une photocopieuse).

Surdoué. Mister Lonely, il faut le dire, est un film que l'on n'attendait plus. Que l'on craignait aussi. A l'arrivée, c'est un peu comme un nouveau premier film. Puisque pour la première fois, ce qui occupe Korine, ce n'est plus de réussir une déflagration poétique par plan, mais tenter de faire tenir en