Un fou. Beaucoup le croient en tout cas. A commencer par les Indiens d'Amazonie qui, indifférents aux crises de nerfs de Klaus Kinski sur le tournage d'Aguirre, étaient terrorisés par le calme anormal de Werner Herzog. Fou, il faut l'être pour marcher de Munich à Paris sans un sou en poche dans la seule idée de sauver la vie d'une vieille dame (et réussir !) ou pour se filmer, quelques années plus tard, en train de manger ses chaussures.
La rétrospective intégrale (55 films dont près d'une vingtaine inédits en France) que consacre le Centre Pompidou au cinéaste culte permet de découvrir ou redécouvrir une œuvre d'une incroyable diversité, qui commence à la fin des années 60 - avec Signes de vie, son premier long métrage, tourné en Crète en hommage à son grand-père archéologue - et qui s'achève, provisoirement, avec un faux remake de Bad Lieutenant qu'il vient de terminer avec Nicolas Cage. Entre les deux, Herzog a filmé des nains, des chamans, des sourds-aveugles-muets, des volcans, des puits de pétrole en feu, la banquise pour s'assurer, entre autres, qu'il n'existait pas de pingouins homosexuels… Il a rendu fou des dromadaires, fait danser des poulets, filmé sous hypnose ou encore fait passer un bateau par-dessus une montagne.
Mince, les traits tirés mais sans la moindre ride, Herzog nous reçoit dans un palace parisien. Malgré le décalage horaire (il est arrivé le jour même de Los Angeles), l'auteur du Pays où rêvent les fourmis vertes ne