Benicio del Toro est-il aussi séduisant dans la vie qu'à l'écran ? Franchement, oui. Davantage même, parce que dans son dernier film, en Che asthmatique avec béret, barbe hirsute et battle dress, il aurait besoin d'une bonne douche. Mais là, visiblement, il en sort (de la douche). Le cheveu corbeau brillant, pas de cernes, le teint frais, juvénile.
Certes, il bénéficie de facilités agréables. La suite à l'hôtel Bristol pour acteur internationalement bankable où un paquet de gens s'affairent autour d'ordinateurs comme pour une opération commando. Et puis 1,90 m tout enveloppé de noir profond (la chemise, le pantalon, les boots de bonne facture), ça paie comme paquet cadeau. Surtout pour un type large d'épaules, sanglé dans des pectoraux carabinés. Mais même en jogging dans le RER, ce gars-là, on le remarquerait. Pas parce qu'il est une sorte d'équivalent mâle d'Ava Gardner. À cause du regard qu'il pose sur vous. Des yeux jaunes, attentifs et attachants.
Benicio del Toro, 41 ans, prix d'interprétation masculine 2008 à Cannes, est donc à Paris pour promouvoir son dernier film, le Che de Steven Soderbergh. Un diptyque très, très long, pour lequel on peut éprouver un sentiment mitigé. Benicio en est le principal interprète. Vingt-quatre interviews en deux jours. Quarante-cinq minutes pour Libération chronométrées par Jean-Pierre Vincent, un attaché de presse qui ne rigole pas avec le compte à rebours. Première sur les Champs-Ely