«Si j'avais réussi comme acteur, je me demande si j'aurais fait de la mise en scène. C'est parce que j'étais inoccupé que j'ai convaincu mon père et quelqu'un de ses amis fourreurs de mettre de l'argent dans une pièce de théâtre de François Billetdoux. D'une carrière d'acteur ratée est née ma volonté de faire de la mise en scène. Il fallait que je mange. C'est tout. Puis d'une carrière de metteur en scène plus ou moins ratée est venue mon envie de devenir producteur.» Ainsi s'autodéfinissait Claude Berri dans un entretien à Paris Match en novembre 2006. Il serait excessif de résumer sa vie, dense et compliquée, à l'aune de cette citation. Elle contient pourtant le paradoxe d'un homme qui, venu d'un milieu modeste, s'est fait tout seul et ne pouvait s'empêcher de jeter sur son passé, voire sur son avenir, l'œil mélancolique d'un homme ayant perdu bien des illusions.
Coup d'essai. Il est né Claude Langmann, le 1er juillet 1934, passage du Désir (Xe arrondissement de Paris) dans une famille d'artisan fourreur, d'un père communiste qui échappe aux nazis en se cachant dans les environs de Lyon. Au lendemain de la guerre, le jeune homme, fasciné par le théâtre et le TNP de Jean Vilar en particulier, veut devenir acteur. Il apprend le métier (cours Simon) et figure dans des troisièmes rôles au cinéma au début des années 50. Sa carrière ne démarre pas et il se tourne vers la réalisation d'un court métrage en 1962, le Poulet