Guerilla, la deuxième partie du diptyque que Soderbergh consacre à la figure de Che Guevara a au moins un mérite : elle ne ressemble pas à la première. Dans l'Argentin, le cinéaste retraçait les deux années de combat dans la sierra Maestra, de décembre 1956 à décembre 1958. Rien ne venait entacher la légende d'un héros exemplaire, aussi lisse qu'une statue plantée au milieu de la révolution cubaine, filmée comme un téléfilm à gros budget (Libération du 7 janvier). En contrepoint, Soderbergh reconstituait, en noir et blanc, le voyage effectué par le Che à New York en 1964, sans parvenir à donner plus de consistance historique à son personnage.
Carte postale. Guerilla, qui reconstitue le désastre de l'expédition bolivienne (novembre 1966-octobre 1967), est la chronique d'une mort annoncée. On connaît déjà la fin - le corps dénudé du Che criblé de balles, allongé sur une table : une vraie descente de croix. Plus resserré (un tout petit groupe de combattants), moins spectaculaire mais plus intense (une longue chasse à l'homme), le film se leste d'une intensité dramatique totalement absente du premier volet.
La façon de filmer n’a pas radicalement changé. Tournées en Bolivie, sur le lieu des événements, les images semblent éclairées et cadrées comme des cartes postales : couleurs pimpantes et paysages grandioses. Mais le fil conducteur du récit est moins artificiel. Soderbergh n’a pas eu à se poser trop de questions : le Che a é