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Libération
Critique

Le pion qui mimait

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Planque. Premier film réussi de Nicolas Saada, sur un raté qui devient par hasard agent secret.
publié le 28 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 28 janvier 2009 à 6h51)

Espion(s), avec son pluriel tenu en une parenthèse précieuse, n'a de premier film que le nom. Nicolas Saada, qui le réalise, ne correspond pas tout à fait au cliché de l'apprenti cinéaste essuyant un à un les plâtres de la réalisation. Il a fait ses classes aux Cahiers du cinéma, où il défendit (de 1987 à 2000) un certain amour du cinéma américain, dont il connaît l'histoire sur le bout des doigts, Rouletabille cinéphile incollable autant sur l'assurance classique d'un John Ford, la beauté blessée d'un Nicholas Ray ou la dépense de la génération Easy Rider/Raging Bull. Il fut aussi l'un des premiers à Paris à défendre John Landis, Joe Dante ou John McTiernan.

A côté de cela, il fut scénariste (pour Pierre Salvadori), travailla un temps au sein du pôle fiction d'Arte. Pour toute une génération, il est surtout celui qui, quinze ans durant, à travers l'émission Nova fait son cinéma (s'il savait combien elle nous manque), a écrit l'histoire des films à travers ses compositeurs. On avait d'yeux que pour les films, lui n'oubliait pas d'y glisser une oreille. Quand aujourd'hui vous croisez dans Paris des jeunes hommes chics prompts à disserter des aprèmes entières sur les mérites respectifs d'un Ennio Morricone période giallo ou d'un Riz Ortolani languide, ne cherchez pas très loin l'unique responsable.

Engrenage. Ce film, après tant d'années d'activisme, n'arrive pas tard, comme on pourrait le supposer. Il est l'étape logique d'un