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Libération
portrait

Môme pas peur

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Hafsia Herzi. Surgie des quartiers nord de Marseille, révélée par «la Graine et le Mulet», cette jeune femme de 22 ans ajoute à présent le théâtre à son jeu.
publié le 29 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 29 janvier 2009 à 6h51)

Hafsia a croisé la chienne de vie. Elle l'a défiée de ses yeux bruns, l'a congédiée en quelques mots - «La roue tourne.» A grands coups de manivelle. Moteur ! Hier môme des quartiers nord de Marseille, Hafsia Herzi a aujourd'hui tout juste 22 ans et six films à son actif. Demain soir au théâtre, pour la première fois, elle sera la Fanny de Marcel Pagnol et de Francis Huster.

«Les jeunes premiers et jeunes premières arrivent façonnés par le théâtre, par les castings, par une façon de jouer qui serait celle supposée admise. Pas elle», dit le réalisateur Alain Guiraudie, qui vient de la faire tourner dans un long métrage dont la sortie est prévue cet été. «Elle a ce truc qui dépote, à l'image. Elle m'a vraiment happé quand je l'ai vue dans la Graine et le Mulet.» C'est par ce film qu'Hafsia Herzi est née à l'écran, voilà deux ans. Happé, aussi, le jury de la Mostra de Venise, qui lui a décerné le prix Mastroianni. Happé, celui des césars, qui l'a couronnée meilleur espoir féminin. Happé, Abdellatif Kechiche, le réalisateur qui a repéré en elle «l'énergie qui allait porter le projet du personnage principal, Slimane». Un vieil Arabe, rejeté par le chantier naval de Sète, qui décide de transformer un bateau en restaurant oriental. Il est le mulet, elle est la graine, enfant de France, issue de parents de la première génération. Rym - alias Hafsia - donne jusqu'à son corps, dans une danse du ventre orgasmique, pour sauver le vieil homme q