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Critique

«Elève libre» : roulez Jonas

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Prof. Lafosse donne sa version d’une éducation sentimentale.
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publié le 4 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 4 février 2009 à 6h52)

Générique au noir. Seul un bruit de coups résonne, accompagné d’un râle en rythme. Sont-ce les clous d’une crucifixion ? Le fouet claquant sur le fessier d’un masochiste ? Peu à peu, l’ingénieur du son laisse filtrer l’ambiance, un second bruit advient en écho, on reconnaît une balle, un court de tennis. L’image apparaît. Un garçon blond, entre 16 et 18 ans, guidé par la voix d’un coach hors-champ. Plus tard, il est accompagné de trois adultes - deux hommes et une femme -, la trentaine, dans un restaurant. La conversation roule sur la sexualité de l’adolescent, nommé Jonas. S’il a déjà couché ou pas, pourquoi il n’ose pas. Ne pas «confondre sexe et amour», professe l’un des adultes. Jonas rit. Ces scènes de dîner reviennent avec insistance et la caméra s’y enroule, avoue Joachim Lafosse, comme le constrictor du Livre de la jungleautour de ses victimes hypnotisées. C’est à l’image de son cinéma (quatre films à 34 ans), tirant sa force d’une précision formelle et d’une disponibilité de regard redoutables.

Castration. Jonas n'a aucun problème, il n'a que du désir. Il aime Delphine et peu leur importe que leur premier rapport sexuel ait à peine duré plus de cinq minutes. Mais les adultes, eux, ont des choses à enseigner à Jonas. Si bien que ces scènes récurrentes de repas nous montrent en direct (façon Dispute de Marivaux) l'invention de la sexualité et de la faute qui va avec.

Jonas, ont décidé ces adultes bienveillants, n’est pas assez performant sexuellement po