A grands mouvements de troupes, drapeaux, flèches, lances et sabres, tonnements de canon, tumulte de batailles, les Seigneurs de la guerre déploie un spectacle de tuerie costumée (quelques dizaines de millions de morts chinois médiévaux à la clef, dit le prologue), justifiant amplement (panoramiquement) son titre impétueux.
L’ouverture en soi(e), punique, est une estampe poétique : un général s’ébroue (Jet Li), seul survivant honteux d’un massacre. Ses 1 600 soldats morts, en trois jours de combat acharné, faute du renfort promis d’un certain Ho félon, lui apparaissent en vision subjective navrée, brouillée, défaillie. Il faut vivre avec cette indignité. C’est le deuil inaugural.
Chamarrée au filmage, la suite du récit rouge et or va marier l’impérial et le villageois, l’histoire avec l’Histoire. Soit trois mousquetaires samouraïs, deux brigands et notre officier mort de honte, se jurant de ne jamais se trahir. Ce qui s’ensuivra, donc… plus ou moins.
Dans une tradition assez relevée, kurosawesque spaghettisante, disons, l’orgie d’oriflammes, mutilations chatoyantes et clameurs épiques, tourne, à force, au shakespearien grandiloquent. Dents serrées sous le heaume et yeux de feu.
Jet Li tient là la vedette ingrate. Ni beau ni joli-joli, mais martial (avec tournoiements de katas maison), il courra à sa perte, semant le meurtre pour le bien commun ; jusqu’au sien, délaissé de tous en retour, sacrifié sur l’autel de la traîtrise.
Sur quoi, on retrouve l'homme qui met