Al'origine du film de Tomas Alfredson, il y a un roman devenu phénomène de librairie en Suède voici quatre ans. Let Me in (titre anglais), de John Ajvide Lindqvist, est un récit moderne de vampires qui, du moins dans sa version cinématographique, s'est débarrassé du bazar gothique habituel. Le héros est un ado solitaire maltraité par de robustes crétins de son école. Dans cette banlieue aussi gaie que l'intérieur d'un congélateur, le blondinet passe le temps en s'imaginant saigner ses bourreaux. Tandis que le film s'oriente à un rythme typiquement scandinave dans le registre du drame social, l'emménagement d'une jeune fille dans l'appartement voisin de celui du jeune homme modifie radicalement la donne. La petite a une drôle de tronche, ne se lave pas tous les jours et se nourrit de sang humain à la nuit tombée.
«Colère».«Dans ce roman, j'ai été touché par cet enfant maltraité à l'école, comme j'ai pu l'être moi-même, dit Tomas Alfredson. A l'écriture du scénario, avec l'auteur, nous avons retiré certains éléments qui auraient été trop lourds pour le film : l'enfant vampire, dans le roman, est un garçon castré et le personnage qui l'accompagne un pédophile. Ces thèmes auraient écrasé le reste de l'histoire. Depuis longtemps, l'utilisation de la pédophilie dans une fiction se résume à un effet spécial émotionnel. Or, c'est trop grave et trop compliqué pour être traité avec cette légèreté.»
Entre ces deux «freaks» se noue une relation fusionnelle, as